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Dienstag, 12. Januar 2016

David Bowie: "Heroes" live in Berlin 1987


En Allemagne, les hommages à David Bowie affluent. La star avait des liens particuliers avec le pays où il a participé en 1987 au mythique Concert for Berlin, galvanisant les foules des deux côtés du mur qu'il a "aidé à faire tomber".

"Au revoir David Bowie. Tu es maintenant parmi des #Heroes", écrit le ministère allemand des Affaires étrangères dans un tweet en hommage à la légende britannique du rock, décédée le 10 janvier de suites d’un cancer. "Merci d'avoir aidé à faire tomber le mur", ajoute le ministère dans un message elliptique.
Hommage exalté ou rappel historique ? Pour le savoir, il faut remonter presque trente ans en arrière. Au 6 juin 1987 exactement. Six jours avant la visite de Ronald Reagan à Berlin-Ouest, David Bowie participe au très médiatique Concert for Berlin, un festival organisé pendant trois jours sur la Platz der Republik, face au Reichstag et au pied du mur, à l’époque où la capitale allemande était encore coupée en deux. Bowie partage l’affiche avec Genesis, Eurythmics, Nina Hagen, New Model Army ou encore Paul Young.

Star parmi les stars, David Bowie est particulièrement attendu à Berlin, où il a vécu 10 ans auparavant. En 1976, le musicien avait décidé de quitter Los Angeles et ses addictions pour s’installer, en compagnie d’Iggy Pop, dans la capitale allemande en pleine effervescence artistique. Il y resta trois ans et y composa une trilogie d'albums révolutionnaires : "Low", "Lodger" et l'emblématique "Heroes", enregistré dans les studios Hansa, toujours un lieu de pèlerinage pour les fans.


Le soir du 6 juin 1987, c’est en entonnant le titre éponyme de ce dernier album, "Heroes", que Bowie embrase la foule. "Standing by the wall, And the guns shot above our heads , And we kissed as though nothing could fall, And the shame was on the other side" (en français : "Debout au pied du mur, Et les fusils tirant au dessus de nos têtes, Et nous nous embrassions comme si rien ne pouvait arriver, Et la honte était de l’autre côté"), chante-t-il, comme un ultime appel à l’amour face aux divisions.
"De l’autre côté" justement, les Berlinois de l’Est n’en perdent pas une note. De puissants haut-parleurs sont braqués intentionnellement vers la porte de Brandebourg et des centaines de personnes sont massées sur l’avenue Unter der Linden, à moins d’un kilomètre de là, pour écouter la star.
Idole des "jeunes à l'allure décadente"
Parmi eux, des agents de la Stasi – la police politique de la République démocrate allemande (RDA) – sont infiltrés. Cinq jours plus tard, ils donnent leur version des faits : "Le 6.06.1987, dans la période comprise entre 19 heures et 22 heures, il se produisit un attroupement important de jeunes à l'allure décadente dans le secteur de la Hermann-Matern-Straße/Viadukt à Berlin-Mitte. Les personnes transportaient pour certaines des postes de radio et suivaient la retransmission en live des médias de masse de l'Ouest", est-il écrit dans un rapport rendu public lors d’une vaste exposition consacrée à Bowie et traduit par Slate
Rapidement, la situation dégénère. Galvanisée par la musique, la foule "décadente" commence à scander "le mur doit tomber !" et des affrontements explosent avec la police qui sort les canons à eau. Les violences se reproduisent deux jours plus tard mais, selon le journaliste allemand Tobias Rüther, c’est le concert de David Bowie qui a été le point de départ des manifestations qui allaient conduire à la chute du Mur, le 9 novembre 1989 : "Ce mois de juin à Berlin-Est, quelques-uns des héros qui feront chuter le mur de Berlin ont émergé. Ils ont la chanson de David Bowie sur les lèvres", écrivit-il.

"Heroe", un hymne à la liberté
Peut-on vraiment estimer que le concert de Bowie a précipité la chute du mur ? Le Guardian relativise : "La violente répression de la police le troisième soir [du festival] a largement contribué à changer l’état d’esprit de la foule à l’égard de l’État", écrit le quotidien britannique, qui estime par ailleurs que s’il faut créditer la musique d’avoir contribué à faire tomber le mur de Berlin, "l’honneur doit être équitablement rendu à l’ensemble des artistes à l’affiche du Concert pour Berlin".
Avec "Heroes", Bowie a néanmoins su toucher les cœurs et les Berlinois s’en souviennent aujourd’hui. "La chanson-titre de l'album 'Heroes' est devenue un hymne pour notre ville alors divisée et pour son désir de liberté", a souligné lundi 11 janvier Michael Müller, le maire de Berlin, dans un communiqué. Depuis ce matin, devant son ancienne adresse berlinoise, au 155 de la Hauptstrasse, ses admirateurs déposent des fleurs en guise de dernier hommage.
Source France24 ICI